La pratique de la motoneige est une activité prisée, car elle nous permet de nous évader dans des environnements riches par la beauté de ses paysages hivernaux. Cependant, l’utilisation d’une motoneige demande une certaine forme de responsabilité de la part de son utilisateur en ce qui concerne les surfaces et les endroits où ils désirent circuler.
Nous sommes assurément attirés par les surfaces planes que nous offrent les plans d’eaux gelés que ce soit les lacs ou les rivières. Ces superficies nous permettent à l’occasion des raccourcis pour relier deux rives, mais il faut se rappeler que ce passage n’est pas sans risque.
L’équipe de Passion Motoneige magazine a eu le privilège d’avoir un entretien avec Raynald Hawkins, le directeur général de la Société de sauvetage du Québec. Cet organisme à but non lucratif a comme mission de favoriser les interactions sécuritaires avec l’eau afin de prévenir les noyades et autres traumatismes.
Passion Motoneige:
Nous avons tendance à croire que les surfaces glacées sur les plans d’eaux sont uniformes, qu’en est-il vraiment?
Raynald Hawkins:
Oui, effectivement, nous tenons pour acquise la plupart du temps l’épaisseur de la glace. Si nous prenons par exemple les riverains qui déneigent une portion de la surface glacée pour en vérifier l’épaisseur aux abords, ils croient à tort malheureusement que celle-ci est uniforme sur la majorité de l’étendue. Il y a plusieurs variables qu’il faut considérer. Le courant (plus spécifiquement sur une rivière) et le positionnement en amont ou en aval affectent la densité d’une glace. Autre point très important qui n’est pas pris généralement en considération est la couche de neige sur un plan d’eau qui agit comme un isolant et modifie considérablement l’épaisseur de la glace. Il ne faut pas également tenir pour acquis que l’épaisseur de la glace est adéquate à un certain moment et qu’elle l’est automatiquement lors d’une semaine subséquente. Il faut constamment vérifier à nouveau pour s’assurer que l’épaisseur est sécuritaire pour y circuler.
Passion Motoneige:
La Société de sauvetage nous rappelle le principe du 1-10-1 lorsque nous tombons en eau froide, pouvez-vous nous expliquer cette règle?
Raynald Hawkins:
C’est simple à retenir et c’est une règle établie par l’université du Manitoba à Winnipeg qui a effectué des recherches sur l’hypothermie.
1 minute pour se calmer, reprendre son souffle et prendre le contrôle de sa respiration. Étant donné que nous nous retrouvons dans l’eau de façon involontaire, nous devons reprendre le contrôle de notre respiration, car il se pourrait que nous perdions conscience à cause d’une hyperventilation.
10 minutes de motricité fine et de force musculaire pour pouvoir briser la glace mince qui pourrait se retrouver autour de nous. C’est dans cet intervalle que nous devons nous extirper de notre fâcheuse situation.
1 heure avant de perdre conscience suite à une hypothermie, tout dépendamment de notre forme physique, de notre tissu adipeux, de notre masse musculaire et de notre flottabilité.
Donc en résumé, nous devons garder notre sang-froid (sans faire un jeu de mots) pour briser la petite glace qui nous entoure pour parvenir à s’agripper à une glace qui sera assez solide en appuyant nos avant-bras. Par la suite, nous devons faire aller nos jambes comme lorsque nous avons suivi nos cours de natation pour nous extirper en nous roulant sur la surface de la glace pour répartir notre poids.
Passion Motoneige:
Nous savons que l’hypothermie peut causer la mort. Si nous sommes témoins qu’un ami ou un collègue se retrouve à l’eau, que devons-nous faire?
Raynald Hawkins:
L’hypothermie peut entraîner des risques graves pour la santé et même la mort. Si un de vos compagnons se retrouve dans une situation précaire, vous devez contacter immédiatement les services d’urgence en contactant le 9-1-1 sans tarder. En attendant les secours, vous pouvez prendre les mesures suivantes:
-Vous pouvez utiliser ce qui est à votre portée pour aider votre compagnon à sortir de l’eau. Un bâton, un manteau, une corde, etc.peuvent être des exemples d’extension. Vous devez bien évidemment répartir votre poids sur la glace fragilisée. Une chaîne humaine peut également être envisagée si la situation le permet.
Par la suite :
-mettez-vous à l’abri du froid, sans faire de mouvements brusques.
-Enlevez délicatement les vêtements qui sont humides ou mouillés.
-Couvrez-le avec des couvertures et réchauffez-le progressivement en commençant par la tête, le cou, le tronc et la région des aines (haut des cuisses).
-Si vous avez des bouillottes ou des couvertures chauffantes, placez-les sous les aisselles, sur la région des aines et sur le ventre et veillez à ne pas le brûler.
-Si possible, abreuvez-le de petites gorgées d’une boisson chaude et sucrée, mais sans alcool.
-Ne massez pas la peau.
-Il ne doit pas fumer ni boire de boissons alcoolisées pour se réchauffer. Au contraire,
cela peut faire descendre encore plus la température de son corps.
Passion Motoneige:
Quelles sont les épaisseurs de glace minimum pour circuler en toute sécurité?
Raynald Hawkins:
Il en est de la responsabilité des clubs de motoneige de procéder aux vérifications périodiques pour s’assurer de l’épaisseur de glace pour la circulation. À certains autres endroits, la responsabilité revient aux municipalités lorsqu’il y a le surfaçage d’une patinoire. Ce qu’il faut retenir, pour un piéton, l’épaisseur minimale est de 10 cm (4 pouces) et pour une motoneige, c’est 12 à 15 cm (5-6 pouces). Tant et aussi longtemps qu’un sentier est balisé, il est sécuritaire d’y circuler. Dans d’autres situations, il est préférable de contacter les autorités locales. De cette façon, nous pourrons continuer à avoir du plaisir sur les différents plans d’eaux au Québec.
En conclusion, la noyade et les incidents associés à l’eau peuvent être évités si nous prenons les précautions nécessaires. La témérité est une attitude que nous devons éliminer de notre comportement de motoneigistes. Soyons conscients en tout temps des dangers, car c’est de cette façon que nous allons réduire considérablement les accidents mortels reliés à l’activité de la motoneige. Ayons un comportement responsable lors de nos déplacements! En espérant que ces quelques conseils amélioreront vos connaissances et que vous serez en mesure de réagir adéquatement si malheureusement un incident survenait.
