Mon expérience motoneige avec Ride Whistler

Mon expérience motoneige avec Ride Whistler

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Fin décembre 2018, après un début de saison précoce dans plusieurs régions (qui a commencé le 11 novembre dans les Monts-Valins pour moi), notre beau couvert de neige fond à vue d’œil sous une pluie battante. Amateur de hors-piste, je suis dégoûté : la neige épargnée risque vite de se retrouver sous une couche de glace une fois le mercure redescendu. Pas question de me laisser abattre par la grisaille et le recul des conditions de motoneige, je pars dans l’Ouest canadien! J’ai goûté pour la première fois à l’immensité des montagnes de la Colombie-Britannique l’année dernière et j’en suis revenu changé. Sans vouloir dénigrer la diversité du paysage hivernal québécois, la référence en hors-piste est sans contredit la côte ouest. Un enneigement exceptionnel, un territoire en altitude immense ainsi que des paysages alpins spectaculaires font de cette destination un rêve pour beaucoup de personnes et un pèlerinage annuel pour les initiés.

Il y a plusieurs façons d’organiser un voyage de motoneige à l’autre bout du pays, mais la plus simple et celle qui me convient le mieux pour l’instant est celle du tout-inclus ou « stay and ride » comme c’est communément appelé là-bas. Loin des Caraïbes, on remplace l’hôtel en bord de mer par un lodge dans le bois, l’animateur d’activité bronzé par un guide de montagne chevronné et la motomarine par un ProRmk 800! Il ne reste qu’à réserver son billet d’avion et sa voiture de location, le reste est pris en charge par la compagnie. Cette année, je vais à Ride Whistler, une petite entreprise fondée par le professionnel de la motoneige de montagne Chris Brown (Slednecks, 509 et bien d’autres) et qui est situé à Pemberton près de, vous l’aurez deviné , Whistler. L’année dernière, j’étais allé au Grizzly Lodge près de Kamloops, un endroit fantastique que je recommande sans hésiter, mais malheureusement, il n’y avait plus de disponibilités pour les dates qui me convenaient.

Mon expérience motoneige avec Ride Whistler
Mon expérience motoneige avec Ride Whistler

Après quelques recherches sur le web pour trouver une alternative similaire (la barre était très haute) je me suis fait chaudement recommander Ride Whistler par plusieurs habitués des voyages dans l’Ouest canadien pour son emplacement spectaculaire, son hébergement luxueux et ses guides professionnels. Air Canada et WestJet ont des vols quotidiens vers la Colombie-Britannique et ses aéroports régionaux. Selon votre point de départ, et votre destination finale, comptez généralement une à deux escales avant de louer une voiture et de finir le trajet par la route. Lors de mon précédent voyage, on était venu me chercher à l’aéroport et comme le lodge se situait directement sur la montagne, je n’avais pas eu besoin de louer un véhicule. C’est l’exception plutôt que la règle dans l’offre des différents voyagistes, ce qui est dommage, car c’est nettement plus agréable après plusieurs heures d’avion. Cela permet également d’éviter les frais de locations de voiture ainsi que d’avoir à conduire soi-même en zone inconnue et montagneuse.

Après un vol sans histoire de Montréal à Vancouver, je devais aller chercher le Jeep Sahara que j’avais loué sur internet. Avant de partir, j’ai utilisé un agrégateur de sites pour trouver le meilleur prix disponible et j’ai trouvé une offre qui semblait presque trop belle quand je la comparais aux autres. J’étais un peu hésitant, mais j’ai tout de même réservé. J’ai compris comment ils arrivaient à avoir un prix si bas une fois rendu à leur bureau. Situé dans le lobby d’un ancien hôtel maintenant fermé, il se composait d’un ordinateur, d’une photocopieuse et de quelques chaises. Heureusement, le personnel était attentionné et compétent. Le Jeep était neuf, exactement comme je l’avais demandé et au prix convenu.
La route 99, qui mène de Vancouver à Whistler, surnommée « sea to sky » ( littéralement de la mer au ciel) est tout simplement spectaculaire. Avec la mer d’un côté, les falaises rocheuses de l’autre et une multitude de montagnes à l’horizon, je ne savais plus où regarder. Je n’ai pas pu profiter du paysage à ma guise, car la route est si sinueuse qu’elle requiert une attention constante. L’été, elle doit faire le plaisir des motocyclistes et des amateurs de voitures sport, mais disons que mon Jeep n’était pas le meilleur véhicule pour profiter de la conduite. Une fois sorti des embouteillages urbains de Vancouver et du stress de conduire dans une métropole pour la première fois, j’ai pu vraiment commencer à apprécier le voyage. J’ai eu le sourire tout le long du trajet, plus j’avançais et plus les montagnes grossissaient et plus on montait. L’adrénaline coulait juste à anticiper les journées à venir dans ce décor somptueux.

Mon expérience motoneige avec Ride Whistler
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Lorsque je suis arrivé au lodge, l’hôtesse Kim m’a fait faire le tour des installations. C’est une immense résidence de style chalet scandinave, tout en boiserie et avec un immense foyer de pierre. D’une capacité d’environ 11 visiteurs à la fois, elle est composée d’une multitude de chambres, deux grands salons, trois salles de bain, une cuisine-salle à manger, une salle de lavage et deux salles pour faire sécher les vêtements et les bottes. L’ambiance est très décontractée et on a vite l’impression d’avoir loué un chalet entre amis. Destination motoneige internationale j’ai pu y côtoyer durant mon séjour deux groupes d’Islandais et plusieurs Américains. L’intérêt commun pour la motoneige, l’ambiance générale, la disposition des aires communes et quelques bières favorisent les discussions et rapidement la glace est brisée entre nous tous. Les repas du soir ainsi que les lunchs du midi sont préparés par notre hôtesse; la nourriture style maison est simple, mais abondante et goûteuse. Pour les déjeuners et les collations, qui sont en libre-service, la maison regorge de nourriture très variée, nous donnant ainsi l’embarras du choix.
Pour la première journée, nous quittons tous ensemble en un long cortège vers le stationnement de Cougar Mountain à environ 30 minutes de distance. Nous sommes une douzaine et une fois tout le monde en possession de sa motoneige (des Polaris PRO-RMK 800, quelques 850 et quelques turbos), de son sac d’avalanches et de sa balise, nous partons à l’assaut des montagnes. Dès le départ j’ai quelques difficultés à m’adapter à ma machine (PRO-RMK 800 155 que je trouve instable et imprévisible. C’est pourtant le même modèle que je possède à la maison, mais celle de location est équipée de bras de suspension plus étroits que ceux d’origine ainsi que d’amortisseurs de performance alors que j’ai ceux à ressorts, c’est peut-être ces petites différences qui expliquent mon inconfort initial.

Mon expérience motoneige avec Ride Whistler
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Les choses s’amélioreront un peu avec quelques ajustements, mais le lendemain j’ai changé pour un PRO-RMK 850 163 que j’ai gardé jusqu’à la fin de mon séjour et qui semblait mieux ajusté à mon style de conduite. Pendant 20 minutes nous montons l’un derrière l’autre dans un sentier étroit qui nous amène à la zone alpine proprement dite, puis jusqu’à un lac. C’est ici que le groupe est sous-divisé en trois avec chacun son guide : huit Islandais d’expériences diverses qui voulaient rester ensemble, deux paires d’Américains très inexpérimentés et un Australien de niveau similaire au mien (débutant-intermédiaire) avec qui j’ai été jumelé. Nous partons de notre côté et débutons la journée avec quelques leçons de « sidehill ». Il n’a pas neigé depuis quelques jours et le fond durci ne nous facilite pas la tâche, mais après quelques conseils de la part du guide, nous nous améliorons graduellement. Nous partons ensuite à la recherche de meilleures conditions d’enneigement et nous réussissons à trouver des secteurs où la neige balayée par les vents s’est accumulée en abondance. Vers la fin de l’après-midi, nous rejoignons le reste des participants et les plus fatigués décident alors de retourner au stationnement avec un guide. Le reste d’entre nous se portent volontaires pour rester une heure de plus à s’amuser. Nous nous sommes rendu vite compte que nous avions fortement surestimé notre énergie une fois rendus au bas d’une longue coulée sinueuse et escarpée. Les uns après les autres, nous avons tenté à plusieurs reprises de remonter la coulée sans succès et celle-ci s’est vite retrouvée jonchée de motoneigiste enlisés, fatigués et donc la coordination muscles/cerveau n’était définitivement plus optimale. Les guides ne savaient plus où donner de la tête tant la situation tournait au ridicule; pour chaque personne qu’ils libéraient de la neige, deux, trois autres prenaient sa place ailleurs dans la pente. Après plus d’une heure et plusieurs changements de voies, nous avons finalement réussi à nous extirper de cette fâcheuse position. Nous sommes retournés aux véhicules complètement épuisés, mais heureux de notre journée.

Mon expérience motoneige avec Ride Whistler
Dave Treadway and Henrik Windstedt travel deep into the British Coloumbia backcountry on snowmobile to tour and ski the Monmouth and nearby glacier area.

2e journée : Service VIP et visibilité nulle

C’est sous la pluie que débute ma deuxième journée. Pas d’inquiétude, elle va rapidement se changer en neige au fil de notre ascension de la montagne. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être le seul client de la compagnie et je me retrouve donc avec un guide privé. L’ambiance est détendue et nous nous préparons sans hâte. Évidemment, la logistique est beaucoup plus simple que la veille et nous partons rapidement à la recherche de poudreuse. À mesure que nous grimpons dans la montagne, nous nous retrouvons au cœur d’une tempête de neige, avec des vents parfois violents et une visibilité très réduite. Mes lunettes chauffantes ne suffisent pas à la tâche, même si elles éliminent la buée à l’intérieur, la neige fondante à l’extérieur de celles-ci rend la vision très difficile. Je passerai malheureusement une bonne partie de la journée à jongler avec différentes lunettes, car le vent et la neige rendent la randonnée quasi impossible sans elles. Dans ces circonstances difficiles, les connaissances du guide sont primordiales. Celui qui m’accompagne connaît la montagne par cœur; son relief, sa météo, la façon dont le vent circule, où s’accumule la neige et comment tous ces éléments mis ensemble influencent les différents secteurs. Aussi incroyable que ça puisse paraître, nous avons croisé un couple seul sur sa motoneige de tourisme! Même durant une journée ensoleillée, il va à l’encontre de toute prudence élémentaire de s’aventurer seul en montagne. Je vous laisse imaginer à quelle vitesse la situation peut se détériorer pendant une tempête que ce soit dû à un bris mécanique, une fausse manœuvre ou une désorientation spatiale lorsque le ciel et le sol ne font plus qu’un.
Malgré la mauvaise visibilité, j’ai pu m’amuser dans des zones où plus d’un mètre de neige fraîche s’était accumulée. Je n’avais personnellement jamais vécu de telles conditions et c’est à la fois enivrant, intimidant et physiquement très exigeant. Étant seul avec le guide, je me sentais presque dépassé par les possibilités quasi infinies de lignes à essayer, c’était comme si j’avais ma montagne personnelle comme terrain de jeux! En fin d’après-midi, la météo s’étant encore détériorée et j’étais épuisé, nous sommes donc redescendus vers le stationnement.

Mon expérience motoneige avec Ride Whistler
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3e journée : conditions de rêve avec un groupe inexpérimenté et dangereux

Pour ma troisième et dernière journée, j‘étais jumelé à un groupe de huit Islandais qui, à une ou deux exceptions près, étaient très inexpérimentés en motoneige et encore plus en motoneige hors-piste en milieu montagneux. Après la journée en randonnée privée de la veille, je savais que celle-ci serait plus chaotique. Par contre, les conditions météorologiques s’annonçaient idéales : neige abondante après la tempête de la veille, soleil éclatant et un mercure d’environ -5 degrés. Après un long et lent départ du stationnement, quelques arrêts sur le sentier nous menant en altitude pour déprendre des participants ayant sortis de piste ou étant restés coincés en bas d’une pente un peu abrupte, nous sommes parvenus à un grand lac au pied des pentes parsemé d’îlots d’arbres et de collines. Contrairement à la journée précédente, la visibilité était excellente et la neige tout aussi abondante, c’était parfait. Par contre, il fallait être très vigilant et observer constamment notre environnement, car les autres participants s’élançaient dans toutes les directions en étant plus ou moins en contrôle de leur engin et surtout, en ne portant pas toujours attention aux autres personnes circulant autour d’eux. Après avoir évité quelques accrochages et m’être fait couper la voie plusieurs fois, j’ai adopté une approche préventive en évitant la mêlée lorsque possible et plutôt privilégié l’avant ou l’arrière du cortège dans nos déplacements. Malgré plusieurs rappels à la prudence de la part des guides, l’expérience demeura périlleuse toute la journée et se solda au final par une motoneige dans un arbre et une deuxième, qui la suivait de trop près, le heurtant par-derrière. Heureusement, les dommages matériels ont été légers et personne n’a été blessé. Un des risques de participer à des excursions de groupe est de se retrouver avec des inconnus dont le niveau d’expérience et de prudence varie énormément. Malgré tout, la journée fut extraordinaire et j’ai pu avoir une vue époustouflante des sommets environnants pour la première fois depuis mon arrivée.

Mon expérience motoneige avec Ride Whistler
Mon expérience motoneige avec Ride Whistler

Un petit mot sur les guides. J’ai utilisé plusieurs fois les services de guides lors de mes voyages de motoneiges et j’ai l’impression qu’ils entrent dans une des catégories suivantes : l’athlète, le paresseux et le guide couteau suisse. L’athlète semble là plus pour s’amuser et épater le groupe avec ses prouesses techniques qu’à veiller au groupe, quitte à compromettre la journée de tout le monde par une blessure ou un bris mécanique. Le paresseux se contente d’amener le groupe d’un endroit à l’autre, le laissant un peu à lui-même une fois rendu. Le guide couteau suisse connaît la montagne par cœur, maitrise la survie en milieu hostile et les premiers soins, est là pour ses clients, pour qu’ils soient en sécurité, qu’ils s’amusent, qu’ils apprennent de nouvelles techniques et qu’ils ne restent pas pris 20 minutes à regarder les autres s’amuser. Au cours de ce voyage, j’ai eu droit au guide les trois jours, mais son travail s’est compliqué durant le dernier après-midi par l’athlète disparaissant dans les arbres à l’insu de tous pour aller se prendre de longues minutes, ce qui força l’arrêt de la randonnée.

Le retour à la maison, le lendemain, a été un peu plus compliqué que l’aller; une longue attente à l’aéroport, des retards, des changements de vols et d’itinéraires et pour finir, une valise manquante en arrivant à Québec (celle contenant tous mes vêtements et équipement de motoneige!). Ironiquement, moi qui étais parti chercher dans l’Ouest la neige qui manquait au Québec, je venais d’atterrir au lendemain d’une immense tempête qui toucha une bonne partie de la province. Laissez-moi vous confirmer qu’avoir de la neige jusqu’à la taille est beaucoup plus amusant sur une motoneige que derrière une souffleuse.

Texte Olivier Daniels / Photos Blake Jorgensen

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